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–          L’évolution des paysages de bocage en questions

Les derniers chiffres de l’enquête TERUTI-LUCAS font état d’une diminution de près de 10% de la surface occupée par les haies en France, entre 2006 et 2015. Cela souligne le décalage entre ces formes paysagères héritées d’une longue histoire agraire et l’évolution des systèmes agricoles qui contribuent à les produire. Ces chiffres interrogent également les agriculteurs, élus, habitants des campagnes et associations attachés à ces motifs paysagers emblématiques des campagnes de l’Ouest de la France.

Si les conséquences environnementales des arasements de haies sont désormais mieux connues, les processus socio-techniques qui en sont à l’origine sont en revanche généralement attribués de manière assez caricaturale au tournant « productiviste » des systèmes agricoles ou aux remembrements. Alors que les remembrements sont désormais plus strictement encadrés et que les modèles agricoles se recomposent, quels sont aujourd’hui les principaux moteurs de l’évolution des paysages de bocage ?

C’était l’un des principaux enjeux d’une thèse de géographie, soutenue à l’Université de Caen le 5 décembre 2019 par Thibaut Preux.

Paysage bocager du Virois – crédit Thibaut Preux

–          Une évolution des paysages de bocage « par petites touches »

Après avoir mis en évidence l’effet des transformations foncières sur les structures spatiales agricoles dans le grand Ouest de la France, l’auteur a retenu quatre espaces « laboratoires » du bocage (Bessin, Bocage Virois, Sud Manche, Pays d’Auge), pour y étudier les transformations paysagères entre 2003 et 2016.

Dans les bassins agricoles étudiés, l’analyse diachronique de cartes du paysage (parcelles agricoles, occupation du sol, haies…) souligne l’importance des transformations paysagères sur une période pourtant assez courte (2003-2016). Trois formes d’évolutions paysagères imbriquées apparaissent alors : l’augmentation importante de la taille des parcelles agricoles, la substitution des prairies permanentes par des cultures céréalières ou de maïs et une forte érosion du linéaire de haies. Ces évolutions s’inscrivent progressivement dans le paysage, par « petites touches ».

–          Les transferts fonciers au cœur de la transformation des paysages bocagers

Pour comprendre la manière dont s’opèrent cette évolution du paysage, l’auteur a ensuite confronté cette cartographie des dynamiques paysagères à celle des transformations foncières des exploitations agricoles (agrandissement, installation, disparition…). Cette mise en relation a permis de souligner le rôle majeur que joue l’agrandissement des exploitations dans la transformation de la mosaïque paysagère. Une enquête de terrain, réalisée auprès de près de 500 agriculteurs, a permis de préciser les principaux ressorts de ces évolutions : accroissement de la surface cultivée par actif, gains de productivité liés à la mécanisation de la production, transformation des systèmes d’élevage…

Paysage bocager du Virois – crédit Thibaut Preux

Cette thèse de géographie est librement consultable à cette adresse : https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-02432779

Plus d’information, vous pouvez contacter l’auteur de ce travail : thibaut.preux@unicaen.fr

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