Un label pour préserver les haies
La disparition annuelle de 11.500 km de haies en France est une cause directe de l’effondrement de la biodiversité et de l’amplification des catastrophes climatiques visibles sur nos territoires. Conscients de l’importance de sauver leur bocage, des agriculteurs ont créé un label pour encadrer les bonnes pratiques de gestion des haies et leur valorisation par des filières durables et locales : le Label Haie. Son lancement officiel a eu lieu le 4 octobre 2019, au Ministère de la transition écologique et solidaire.
Le 6 mai 2019, le groupe d’experts des Nations Unies sur la biodiversité (IPBES) a dévoilé les conclusions de son rapport sur l’état de la planète : 50 % de la biodiversité a disparu en 40 ans. Cette extinction massive des espèces concerne principalement l’espace agricole, où 33% des oiseaux de nos campagnes ont disparu depuis les 1990 (source Muséum national d’histoire naturelle). Cet été, la France a connu une canicule intense et des phénomènes liés à la sécheresse impactant particulièrement les nappes phréatiques et les cours d’eau, presque à sec dans une majorité des départements. La crise écologique et climatique planétaire annoncée nous touche de près et n’a pas son précédent. L’arbre et la haie se retrouvent propulsés au cœur de ces problématiques comme une solution indéniable. Cette trame bocagère couvrant historiquement une grande partie des paysages agricoles a la capacité de réguler le climat, de stocker du carbone, de constituer un réservoir de biodiversité, de maintenir la quantité et la qualité des masses d’eau, … Ces services environnementaux sont incontournables pour notre agriculture et pour tous les habitants des territoires.
Pourtant la dynamique ne va pas dans le bon sens. Chaque année, les haies régressent de 11.500 km alors même que nous devrions, pour atteindre les engagements de la France pris lors l’accord de Paris à la COP21, avoir doublé le linéaire existant d’ici 2050.
Pour endiguer l’érosion bocagère et sauver les haies en France, des agriculteurs et leurs structures de valorisation du bois, appuyés par le réseau d’experts de la haie Afac-Agroforesteries, ont initié, avec le soutien financier[1] de trois Régions et cinq Groupes d’Action locale (GAL), une certification pour préserver les haies : le Label Haie. Il labellisera, dès l’automne 2019 les bonnes pratiques de gestion des haies par les agriculteurs et garantira la maîtrise d’une filière de production de bois éthique, durable et locale. Bien plus qu’un outil de développement économique des territoires, ce label est un moyen de protéger et de gérer un bien commun précieux et d’intérêt général.
Un label national …
Le label ne fournit non pas seulement une ressource en bois énergie locale et durable, il doit aider à inscrire des attitudes culturelles importantes pour réussir pour la transition de nombreux territoires agricoles : la noblesse du métier d’agriculteur cultivant ses haies, le sentiment d’appartenance forte à un territoire et à une communauté d’acteurs de la haie, la conservation d’une économie ancrée localement et à visage humain. Le label renouvelle notre vision de la haie.
Projet engagé depuis 2016 avec la construction des outils, le Label Haie est désormais prêt à entrer dans une phase d’opérationnalité. Son lancement officiel a eu lieu le 4 octobre 2019.
… pour des applications territoriales
Cette première année de mise en application concrète du label s’opérera dans les trois territoires pilotes des SCIC Bocagenèse (Bretagne), SCIC Bois Bocage Énergie (Normandie) et SCIC Mayenne Bois Énergie (Pays de la Loire). Le déploiement à l’échelle nationale sera impulsé par l’Afac-Agroforesteries avec la mobilisation croissante de nouveaux acteurs et territoires engagés.
Objectifs chiffrés pour 2024
En 2024, l’objectif est d’atteindre 3.500 agriculteurs labellisés, permettant la production annuelle de 175.000 tonnes de bois plaquette labellisées. Les collectivités territoriales engagées pourront afficher la sauvegarde de 35.000 km gérées durablement selon les critères de qualité du label.
Partenaires financiers
Cette première phase de lancement bénéficie du soutien financier du Ministère de la transition écologique et solidaire (MTES), de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), de l’Agence française pour la biodiversité (AFB), de la Région Pays de la Loire, de la Région Bretagne et de la Région Normandie ainsi que de la Fondation pour le progrès de l’Homme (FPH) à hauteur 195 000€ de subventions publiques.
[1] Les Régions Normandie, Pays de la Loire et Bretagne ainsi que du GAL Pays du Trégor, du GAL Haute Mayenne, du GAL Sud Mayenne, du GAL du Pays du Bocage et du GAL du Pays d’Argentan d’Auge et d’Ouche apportant des crédits européens territoriaux inter-LEADER, ont apporté un appui soutien pour un budget global de 460 000 €. L’Afac-Agroforesteries a bénéficié de la contribution financière du compte d’Affectation Spéciale Développement Agricole et Rural du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, dans le cadre de l’action 4.3 du Plan de développement de l’agroforesterie pour laquelle elle a été désignée pilote.