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ZOOM SUR UN JURY LOCAL EN NOUVELLE AQUITAINE : Concours des pratiques agro-écologiques – Agroforesterie 2021

Le Concours Général Agricole récompense les producteurs et soutient les filières agricoles françaises depuis 150 ans. Pour récompenser l’équilibre agro-écologique agroforestier sur leurs parcelles, la catégorie Agroforesterie est divisée en deux sections :

• Implantation (pour les parcelles d’agroforesterie âgées de 5 à 10 ans et plantées par l’agriculteur candidat)

• Gestion (pour les parcelles d’agroforesterie âgées de plus de 10 ans et gérées par l’agriculteur candidat).

En savoir plus sur le concours

Retour en images sur les visites du jury !

Cette année, la région Nouvelle-Aquitaine a accueilli deux concours locaux. En novembre, le jury s’était réuni en Charente-Maritime pour la catégorie implantation. Jeudi 10 décembre, c’est pour la catégorie gestion qu’un jury s’est constitué dans le département des Deux-Sèvres. Les jurés ont ainsi pu découvrir et évaluer les pratiques de gestion des haies sur 6 parcelles candidates. Cette journée a été organisée par Françoise Sire pour Réunir-AF et l’association Prom’Haies en Nouvelle-Aquitaine.

Le premier prix local d’Équilibre Agro-écologique Agroforesterie a été décerné au

 GAEC des Trognes

Au GAEC des Trognes, l’élevage de brebis en bio est indissociable du territoire bocager de Gâtine. La parcelle candidate nommée « Petit champ du châtaigner » porte bien son nom. Cette prairie est entourée de haies diversifiées, et un châtaignier en fin de vie, inestimable refuge de biodiversité, a été préservé au centre de la parcelle. Le bois issu des haies permet de chauffer l’habitation.

“Le but c’est de s’adapter au milieu et pas l’inverse.” Jean-Claude Braconnier

L’exploitation de Guillaume Grasset

Chez Guillaume Grasset, les vaches qui vivent en extérieur toute l’année sont protégées par le bocage : les haies et les arbres limitent l’effet du vent et de la pluie. La ferme, en autonomie fourragère, repose sur une philosophie : si on prend soin des arbres, on prend soin de son milieu de vie. Il y a deux ans, l’agriculteur avait déjà participé au concours-test préalable à l’intégration de l’agroforesterie au Concours Général Agricole. Depuis, son exploitation a suscité la curiosité de nombreux élèves du lycée agricole local, qui viennent régulièrement visiter son exploitation.

“Avec les arbres, ce sont les vaches qui commandent. Moi je travaille pour qu’elles se sentent bien sur la ferme”

Tout est lié : le bien-être des vaches fait le bien-être de l’éleveur et du consommateur.

 

L’exploitation de Frédéric David

 

Avec ses 6,5 km de haie, l’éleveur ovin et bovin en double-actif Frédéric David travaille à la recherche d’équilibre. Sur ses parcelles en grandes cultures, il vise un rendement optimum et non maximum grâce aux haies.

« Je n’ai arraché aucune haie car je les estime indispensables et utiles à mon activité agricole : bien-être animal et des cultures, abri faunistique, beauté des paysages, éléments du patrimoine… »

L’élevage de Jean-Christophe Réau

Membre du collectif « Pâtures et papilles », Jean-Christophe Réau est un éleveur bovin et ovin en plein air intégral. Pour lui, les haies sont essentielles. En plus d’atténuer les effets du changement climatique, les haies et les arbres servent au bien-être animal (ombre en été, abri en hiver) mais ont également une dimension pratique en servant de clôture, d’apport fourrager, de vermifuges et d’énergie puisque l’habitation est chauffée grâce à une chaudière à bûches.

Le GAEC du Ternan, Jean-Paul Gentil

Dans cet élevage bovin pour production de viande et de lait, les arbres sont omniprésents. Ils permettent de maintenir la matière organique et de protéger les sols ainsi que la biodiversité. Avec une partie de la parcelle en sylvo-pastoralisme, les vaches profitent d’un abri permanent contre le vent et la pluie. L’exploitation du bois s’exprime par la vente de plaquettes de chêne pour alimenter 4 chaudières de particuliers, des plaquettes de noisetier sont utilisées en litière et une partie est cédée à des particuliers pour leurs massifs d’espace vert. L’habitation est également chauffée par une chaudière à bois bûche.

L’élevage de Maixent Morille

Les belles vaches élevées par Maixent Morille bénéficient de tous les bienfaits de la haie. Coupe-vent, pâturage riche grâce aux sols fertiles et protégés de l’érosion, exploitation en bois plaquettes pour le chauffage, les haies rendent de nombreux services à l’exploitation. La replantation est envisagée dans le futur, mais la priorité est l’entretien correct des 35 km de haies intra-parcellaires.

ZOOM SUR UN JURY LOCAL DANS L’EURE : Concours des pratiques agro-écologiques – Agroforesterie 2021

Les jurys locaux de la troisième édition du Concours des pratiques agro-écologiques – agroforesteries touchent à leur fin.

En début d’année 2021, les dossiers présélectionnés seront étudiés pour la finale nationale. Rendez-vous fin février pour l’annonce des lauréats !

En savoir plus sur le concours

Retour en images sur les visites du jury du concours local Normandie !

Lundi 23 novembre, le jury local nommé pour le département de l’Eure s’est rendu sur les 4 parcelles candidates. Cette journée, organisée par Eddy Cleran de la Chambre d’Agriculture de Normandie, pour REUNIR AF,  a rassemblé 5 membres du jury : son président Guy Jacob (agriculteur, et élu Chambre d’Agriculture), Pierre Jegu (agriculteur), Caroline Pivain-Bronnaz (Département de l’Eure), Cyrille Cantayre (OFB-Office Français de la Biodiversité) et Karine Vezier (DRAAF-Normandie) ; ( le Conseil Régional de Normandie et Le Parc Régionale seine Normande étant excusés).

Le premier prix local d’Équilibre Agro-écologique Agroforesterie a été décerné à la ferme des Pâtures au Val Doré

La famille Duedal a développé l’agroforesterie sur ses parcelles en 2015. Éleveurs de bovins depuis plusieurs années, et plus récemment de brebis pour de la transformation en produits laitiers, ils ont été confrontés aux enjeux d’eau et de biodiversité. Suite à un diagnostic de la Chambre d’agriculture de l’Eure, ils ont introduit des plantations intraparcellaires sur leur ferme. Cette initiative est motivée par l’amélioration de la qualité de l’eau mais également pour le bien-être animal avec la création d’ombres dans les pâtures. À terme, ils envisagent l’exploitation de bois d’œuvre. Dans cette ferme, l’agroforesterie est avant/ tout aussi un projet familial, qui a joué un rôle central dans la transmission de l’exploitation : le père, Didier, a planté les premiers arbres peu de temps avant sa retraite, puis son fils Hugo a pris en main la conduite des arbres dès les premières tailles, décidant ainsi de les intégrer durablement à son propre projet.

Pour Hugo Duedal  « L’agroforesterie est intéressante parce qu’elle oblige l’agriculteur à avoir une réflexion à long terme. L’arbre est un investissement, un patrimoine paysager et financier. Il me rapportera en bois d’œuvre dans 30-50 ans. En attendant, il me rend des services. »

Les 3 candidats suivants remportes des prix locaux décernés par le département de l’Eure.

 

La ferme des Ruelles remporte le Prix local innovation

En voulant quitter l’agriculture intensive il y a 30 ans, Michel Galmel a souhaité créer sur ses parcelles un équilibre entre performance écologique, équité sociale et indépendance énergétique. Il a introduit des plantations intraparcellaies au milieu de ses céréales. Depuis, il a constaté le retour de nombreuses espèces d’oiseaux sur ses parcelles de pommes, céréales et Miscanthus (pour la production d’énergie).

Le lycée agricole du Neubourg remporte le Prix local expérimentation grâce à sa parcelle en agroforesterie

Cette parcelle se situe au cœur d’un paysage fortement urbanisé. Grâce à la plantation intraparcellaire, elle représente un îlot pour la biodiversité encore connecté.  Avec un dispositif d’arbres à croissance rapide et d’autres à croissance plus longue,  une comparaison avec une parcelle témoin et une autre forestière,  le lycée vise la production de bois d’œuvre tout en garantissant à la parcelle de conserver ses éléments arborés. Le projet a été réalisé avec les élèves à toutes les étapes : traçage des lignes, plantation, paillage, recépage.

Afin de transmettre les enjeux de l’agroforesterie au plus grand nombre, les équipes ont disposés des panneaux informatifs en bout de parcelle.

Le Prix local patrimoine est décerné à Anne-Laure Réveilhac de Maulmont au Mesnil-Jourdain

Sur cette exploitation en polyculture-élevage ovin, les haies et plantations intraparcellaires sont le fruit d’une réflexion pour l’installation d’une biodiversité pérenne. Le bien-être animal, le maintien de cette ferme en lien avec le développement des circuits de proximité et l’amélioration du paysage agricole ont également été les moteurs de cette transition. 80% de la surface agricole utilisée sont aujourd’hui en agroforesterie, Mme Réveilhac est convaincue des bienfaits de l’arbre sur le long terme. Elle est d’ailleurs très investie dans la transmission du savoir et souhaite développer des visites sur son parc pour sensibiliser le grand public.

ZOOM SUR UN JURY LOCAL EN GRAND-EST : Concours des pratiques agro-écologiques – Agroforesterie 2021

La troisième édition du concours est lancée. Depuis début octobre, les jurys se regroupent pour évaluer les candidats des territoires sélectionnés dans chaque région : Bourgogne-Franche-Comté (territoire Charolais-Brionnais), Grand Est (territoire « Outre-Forêt » en Alsace), Hauts-de-France (territoires PNR Caps et Marais d’Opale et Santerre), Normandie (département de l’Eure), NouvelleAquitaine (département de la Charente-Maritime et inter-territoire en Deux-Sèvres), Occitanie (territoire PNR Pyrénées catalanes), Pays de la Loire (département de la Vendée) et Région Sud (département du Vaucluse).

Les jurys locaux se consacrent à la présélection régionale jusqu’à fin décembre. En début d’année 2021, les dossiers présélectionnés seront étudiés pour la finale nationale. Rendez-vous fin février pour l’annonce des lauréats !

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Retour en images sur les visites du jury Grand-Est !

Lundi 02 novembre avaient lieu les visites de parcelles des 4 candidats en Grand-Est. Les participants ont été évalués sur des critères agronomiques, l’impact sur la biodiversité, l’eau, le paysage ainsi que sur des critères sociaux et de transmission de connaissance.

Les membres du jury – Anne Barth (Chambre d’agriculture de Moselle), Arthur Keller (Ligue pour la Protection des Oiseaux), Thomas Lacroix (Chambre d’agriculture des Vosges) et Véronique Stangret (Éduc Agri) – se sont rendus sur les parcelles des agriculteurs ayant présenté leur candidature auprès de Jacques Detemple (Haies Vives d’Alsace) et Patrick Cochard (Chambre d’agriculture de l’Aube), organisateurs de la journée.

Le premier prix local d’Équilibre Agro-écologique Agroforesterie a été décerné à la ferme d’Ernest Hoeffel à Walbourg :

Corinne Bloch et Ernest Hoeffel ont pour objectifs d’atteindre l’autonomie alimentaire de leur troupeau en intégrant les arbres dans le systèmes de production. Pour cela, il est nécessaire de “redonner leur place aux haies et aux arbres dans le monde agricole”. Cet élevage en bio de vaches charolaises a complètement intégré les pratiques agroforestières à son système de production depuis 3 ans. L’arbre crée de nombreux avantages sur la ferme : le broyât de bois associé à la paille sert à la litière des animaux, des haies “sauvages” sont une immense niche de biodiversité et certaines haies et arbres têtards accessibles aux animaux sont une sources de minéraux et d’anti-inflammatoires pour leur alimentation. Convaincus des bienfaits de l’arbre pour leur exploitation et pour leur environnement, les lauréats ne souhaitent pas s’arrêter là et ont commencé à planter de nouvelles haies.

L’élevage de Clément Schweitzer à Schleithal, 2ème prix et prix du pionnier :

“Quand on travaille avec les insectes et la biodiversité, on a besoin de soutien avec les bandes enherbées, les plantations intra-parcellaires, les haies. Il faut avoir des zones de refuge.”

Cet éleveur porcin cultive ses grains en bio depuis 2010. Lorsqu’il a repris l’exploitation familiale, Clément Schweitzer a décidé de réintroduire l’arbre sur ses parcelles de grandes cultures. Pour le plaisir d’avoir de beaux paysages, l’éleveur plante chaque année des arbres sur ses parcelles. L’introduction de haies et de plantations intra-parcellaires a eu un impact positif sur l’exploitation du candidat : limitation des coulées de boues lors de fortes intempéries et des effets du vent et augmentation de la biodiversité.

La ferme de Julien Scharch à Saessolsheim, 3ème prix et prix spécial Exploitation dans son territoire :

Julien Scharch et son fils font du maraichage de plein champ et de la culture de céréales en bio. Face à des parcelles de grandes surfaces, ces agriculteurs ont été frappés par la désertification du paysage. Depuis plusieurs années, ils ont réintroduit l’arbre en plantant des haies entre leurs parcelles avec un rituel de plantation tous les premiers samedis de janvier. Aujourd’hui ils ont obtenu un linéaire de 2,5 km mais ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : ils visent un linéaire de 3 à 4 km et la valorisation des haies ainsi plantées en bois d’oeuvre. Ils ont constaté les bénéfices de la haie avec le retour de la biodiversité et d’espèces d’oiseaux en voie de disparition, l’arrêt d’une très forte coulée de boue en 2018, la limitation de l’impact du vent et un dessèchement moins rapide de la terre lors d’épisodes de sécheresse.

Ils ont également réussi à fédérer un grand nombre d’acteurs autour de l’arbre en en faisant un centre d’intérêt collectif. Le conseil municipal, des bénévoles et des associations les accompagnent dans leurs activités de plantation.

Les parcelles de Roland Wendling à Knoersheim :

Cet ancien éleveur de lapins exploite 10 ha de parcelles céréalières et une petite forêt. Il est convaincu que pour produire plus et mieux, il faut introduire des pratiques agroécologiques. Cet agriculteur a expérimenté de nombreuses techniques : arrêt du labour pendant 10 ans, la plantation intra-parcellaire et la haie. à l’origine, l’agriculteur s’est intéressé à l’arbre pour ses effets sur la fertilisation des sols et pour sa capacité à en limiter l’érosion. Aujourd’hui, Rolland Wendling se concentre plutôt sur les effets de l’arbre contre le réchauffement climatique. Sensible à cette problématique, il encourage la plantation d’arbres pour stocker du carbone sur le long terme.

Au terme de cette journée, nous retenons que chaque candidat a perçu les bénéfices de l’arbre pour son système d’exploitation. L’introduction de l’arbre n’a pas eu d’effets négatifs sur leurs productions, ils constatent tous un rendement stable voire amélioré. L’investissement et les convictions de chacun sur la place de l’arbre dans le monde agricole sont très inspirantes.

EN REPLAY : nos propositions pour la PAC (webconférence)

Le 19 octobre dernier, l’Afac-Agroforesteries présentait ses propositions pour la future PAC lors d’une webconférence. En s’appuyant sur l’expertise de notre réseau, nous nous sommes donc mobilisé·e·s pour construire des propositions pour une PAC qui favorise le maintien, la gestion durable et le développement de l’arbre et la haie. Ce plaidoyer pour l’arbre et la haie se poursuivra tout au long de l’élaboration du Plan stratégique national, qui définira les interventions et les modalités de mise en œuvre de la PAC à l’échelle nationale.

Vous pouvez regarder à nouveau la webconférence ou la découvrir ci-dessous ( pour un visionnage rapide, voir la conclusion à 53 min 53)

 

Les thématiques abordées :

>>  Les enjeux du développement de l’agroforesterie pour la prochaine décennie

>>  Comprendre la réforme de la PAC : opportunités et incidences pour l’agroforesterie

>>  Nos propositions pour placer l’arbre au coeur de la future PAC

Intervenant·es :

Frédéric Coulon

Ingénieur
Solagro
& membre du Conseil d’Administration de l’Afac-Agroforesteries

Fabien Liagre

Responsable Recherche & Développement
AGROOF
& membre du Conseil d’Administration de l’Afac-Agroforesteries

Catherine Moret

Responsable projets
Afac-Agroforesteries

Baptiste Sanson

Responsable projets
Afac-Agroforesteries

Nos propositions résumées :

L’Afac-agroforesteries a publié un Cahier d’acteur sur la plateforme « ImPACtons » afin de synthétiser et porter au débat nos propositions pour l’arbre et la haie dans la future PAC. Vous pouvez continuer à le commenter et la relayer en cliquant ici.

Découvrir le cahier d’acteur 

Enquête OFB – Impacts des modes de gestion des infrastructures vertes sur la biodiversité et la qualité de l’eau

L’Office français de la Biodiversité (OFB) mène une étude sur les impacts des modes de gestion des infrastructures agroécologiques sur la qualité de l’eau et la biodiversité*. 

Les infrastructures agroécologiques sont l’ensemble des habitats semi-naturels présents dans les paysages agricoles et qui contribuent aux services agroécologiques : prairies permanentes, haies et arbres champêtres, lisières de bois, bandes enherbées, bordures de champs, jachères, mares, zones humides, ripisylves, fossés.

Après une phase bibliographique, ce travail se poursuit par une enquête en ligne afin de recueillir l’avis des opérateurs locaux en matière de gestion des infrastructures agroécologiques. Chacun peut aussi faire part des leviers d’actions identifiés, des freins rencontrés et aussi des propositions pour la mise en œuvre d’une gestion favorables à la biodiversité et à la qualité de l’eau.

Cette enquête s’adresse donc à tous les organismes et les collectivités qui mènent ou accompagnent des actions de création, d’entretien, et de restauration des infrastructures agroécologiques.

Participer à l’enquête

 

*Étude sur le « Recensement des modes de gestion des infrastructures vertes en milieu agricole et analyse des effets des modes de gestion sur la qualité de l’eau et la biodiversité », commanditée par l’OFB et réalisée par Solagro, Écotone et Icare2.

Mesure “haies” du plan de relance économique : pour une approche complète de la haie, de l’amont à l’aval

 

Alors que, depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français et que cette érosion continue de se poursuivre au rythme de 11 500km par an, l’intégration d’une mesure “haies” dans le Plan de relance est une occasion unique pour enrayer la disparition des haies en France. Au-delà du montant conséquent des aides allouées à cette mesure – plusieurs dizaines de millions pourraient être mobilisés sur deux ans -, son caractère inédit réside dans l’articulation, pour la première fois, de quatre volets complémentaires : « replanter 7 000 km de haies, instaurer une gestion durable des haies existantes et structurer les filières locales de production d’arbres et de valorisation de la biomasse issue des haies »* . Dans un contexte où l’adaptation des systèmes agricoles et des territoires au changement climatique n’est plus une option mais une impérieuse nécessité, c’est bien cette approche complète, de l’amont à l’aval, que souhaite encourager l’Afac-Agroforesteries, en tant que réseau national pour l’arbre et la haie. 

L’inscription d’une mesure dédiée à la haie dans le plan de relance économique est un signal fort. Il signifie que les haies ne sont plus considérées uniquement à l’aune des enjeux environnementaux qu’elles représentent mais dans une perspective plus globale où les haies sont le support d’un triple développement territorial : à la fois agricole, environnemental et économique. Dès lors, il s’agit non pas d’opposer ces trois approches mais de chercher à les articuler. Il s’agit de faire de la transition écologique un moteur de l’économie et non pas un frein. La haie en donne une parfaite illustration.

Des milliers d’emplois sont en effet concernés directement ou indirectement par l’économie territoriale liée aux haies : les agriculteurs en tant que principaux gestionnaires, les conseillers agroforestiers qui accompagnent les agriculteurs dans la bonne gestion de leurs réseaux de haies, les collecteurs de graines et les pépiniéristes qui produisent les centaines de milliers de plants arbres et d’arbustes pour créer de nouvelles haies, les gestionnaires des collectivités qui s’appuient sur les services écosystémiques rendus par les haies ou qui s’approvisionnent en bois issus des haies pour se chauffer, les salariés des structures de distribution du bois bocager, les entreprises agroalimentaires valorisant l’engagement environnemental de leurs fournisseurs, etc. Cette nouvelle économie des territoires liée aux haies est aussi celle qui peut nous permettre de les sauver d’une érosion irréversible. Si les haies ont considérablement régressé en France et continuent de disparaître à un rythme de 11 500 km par an, c’est notamment parce que ce réseau bocager a perdu sa valeur économique et sa valeur d’usage. Redonner aux haies un intérêt économique réel permettra d’assurer leur préservation et leur restauration sur le long terme, et par là-même de bénéficier des services écologiques qu’elles remplissent (protection de l’eau, biodiversité, production de biomasse, stockage de carbone, qualité des et identité des paysages…). La haie est un « couteau suisse » de l’écologie et constitue probablement l’un des moyens les moins onéreux, le plus rapide et efficace pour que la France atteigne les objectifs qu’elle s’est fixée lors de l’Accord de Paris.

Soutenir l’accompagnement technique de la mesure « haies » dans les territoires :

Une enquête menée par l’Afac-Agroforesteries auprès des opérateurs de l’arbre et la haie en France a démontré que les acteurs en place ont toute la capacité opérationnelle à engager, dès maintenant, des actions portant sur l’ensemble de la filière haie, sur chacun des volets de la mesure « haies » du Plan de relance. Des projets déjà en cours, mais demandant à être renforcés, permettraient de déployer ces actions dès le début de l’année 2021.  Cela permettrait de sauver des dizaines de milliers de kilomètres de haies, d’accélérer la transition écologique des territoires et de relancer une économie liée à la haie. Pour que la mesure « haies » du Plan de relance soit à la hauteur de ces enjeux, il est impératif qu’elle appuie l’ensemble de ces structures d’ingénierie territoriale autour des haies, ayant la compétence d’accompagnement à la plantation et à la gestion des haies champêtres (Parcs naturels régionaux, Syndicats de bassin versant, associations ayant pour objet principal l’arbre et la haie, Chambres d’Agriculture, Fédération départementales des Chasseurs, SCIC de valorisation du bois bocager…). Leur rôle d’accompagnement technique est indispensable pour assurer un accompagnement des agriculteurs dans la réappropriation de leurs haies, leur développement et l’adoption de pratiques de gestion durable de ces haies.

Prendre en compte la filière haie de l’amont à l’aval :

Pour être efficace, il est nécessaire que la mesure « haies » du plan de relance soit construite au regard de plusieurs objectifs opérationnels : depuis les filières amont de pépinières pour la production de plants d’arbres et d’arbustes jusqu’aux filières aval de valorisation de la biomasse issue des haies, en passant par la plantation et la gestion durable des haies déjà en place :

  • Objectif 1 : la mesure « haies » doit permettre la restauration des haies existantes par une gestion durable, afin de garantir leur bon état écologique. Sans cette gestion durable, le capital « haie » continuera de se dégrader de façon très rapide ; en effet, les haies meurent aujourd’hui de pratiques d’entretien dégradantes avec l’usage d’outils mécaniques inadaptés (lamier, épareuse, broyeur…) et de vieillissement par manque de régénération.
  • Objectif 2 : la mesure « haies » doit permettre la valorisation économique de ces haies en renforçant et en développant les filières locales de valorisation de la biomasse issue des haies. Pour garantir la fourniture d’une ressource renouvelable et respectueuse de l’arbre, la mesure peut s’appuyer sur des certifications telles que le Label Haie.
  • Objectif 3 : la mesure « haies » doit soutenir la plantation de nouvelles haies ou leur régénération naturelle assistée, en particulier dans les zones où le patrimoine arboré est le plus dégradé. Sur ces territoires, la replantation des haies est une priorité.
  • Objectif 4 : en amont des plantations, la mesure « haies » doit soutenir la structuration des filières françaises de collecte de graines et de production de plants, puisque la plantation de 7000 kilomètres de haies représente un besoin de production d’environ 7 millions de plants d’arbres et d’arbustes. Si l’on veut que les plants d’arbres et d’arbustes de ces futures haies soient résilients au changement climatique et que les haies ainsi plantées remplissent leur rôle en matière de biodiversité, il est essentiel que les graines des arbres et des arbustes des futures haies soient d’origine génétique locale et issues de collecte en milieu naturel, comme le garantit la marque Végétal local, propriété de l’Office français de la biodiversité. À défaut, cela reviendrait à soutenir la plantation de plants tout venant, issus d’un marché européen, sans cohérence avec la biodiversité de nos territoires ni avec l’objectif premier du plan de relance : soutenir l’économie française et sa transition écologique.

Tous les bilans des politiques publiques de replantation des haies de ces vingt dernières années l’ont démontré : les dispositifs de soutien à la replantation qui n’intègrent pas la préservation de l’existant et le développement des filières de l’amont à l’aval sont inefficaces pour stopper le déclin des haies. Ce déclin n’est pas inéluctable et le contexte n’a jamais été aussi propice pour créer une nouvelle économie des territoires liée aux haies et créer les nouveaux paysages de l’arbre pour la transition. Dotée de moyens sans précédents, la mesure « haies » doit permettre d’inverser cette tendance, elle ne peut pas être un simple symbole du verdissement du Plan de relance.

 

 

 

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